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HISTOIRES DE SURVIVANTS

J’ai trouvé ma voix

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Je n’avais jamais envisagé de raconter mon histoire, ni même d’en partager une partie. J’en avais conclu que la peur avait gagné et que je ne pourrais jamais m’exprimer. Ce sont les crises de panique qui ont fait basculer mon parcours. J’avais des problèmes avec les petits espaces et ils se sont aggravés. Il y a environ deux ans, j’étais assise dans le parking du bureau de mon conseiller et je me demandais ce que je devais faire. Ma petite voix de la raison s’est fait entendre cet après-midi-là, et je suis heureuse chaque jour d’avoir choisi d’affronter mes peurs, de trouver ma voix et d’aller dans son bureau.

Cela n’a pas été facile, car il y a eu beaucoup de hauts et de bas. Il a fallu quelques mois pour maîtriser l’anxiété avant de passer à l’EMDR pour certains déclencheurs. Cette méthode m’intriguait et je l’ai essayée. J’ai été surprise de voir à quel point cela m’a aidée. C’est une autre chose dont je suis reconnaissante, une autre partie de mon histoire que je pensais ne pas changer, mais c’est le cas. Environ deux mois après l’EMDR, j’ai vécu une expérience extraordinaire : je me trouvais dans une situation qui m’aurait fait basculer dans l’anxiété. Au lieu de cela, je suis restée calme et sereine ! À ce moment-là, j’ai su que le travail acharné que je faisais en valait la peine et j’étais impatiente de voir où j’allais avec mon histoire.

Après un an de dur labeur et d’efforts, j’ai senti qu’il restait deux choses à rayer de ma liste. Tout d’abord, la plupart des membres de ma famille n’avaient aucune idée de ce qui m’était arrivé. Mes parents en avaient été informés un an auparavant, mais nous n’en avions pas vraiment parlé. Ensuite, je pouvais facilement parler de mon histoire à mon conseiller, mais à personne d’autre. Je voulais nouer des liens avec d’autres survivants, faire connaître mon histoire. J’ai donc commencé à chercher en ligne des moyens de raconter mon histoire et j’ai trouvé des informations sur la retraite Saprea. J’ai décidé de m’inscrire après avoir réalisé que c’était tout à fait faisable pour moi. Lorsque j’ai appris les dates de ma participation, j’ai pleuré. Je n’avais jamais pensé que je ferais une chose pareille.

Un mois avant la retraite, j’ai finalement raconté à l’une de mes sœurs ce qui s’était passé. Je l’ai fait sur un coup de tête, et oh là là ! J’étais choquée d’avoir tout déballé. Le mois a filé et la veille de mon arrivée à l’hôtel, j’ai envoyé un message à la plupart des membres de ma famille pour leur dire ce que je faisais. J’étais sous le choc de voir enfin le début de mon histoire émerger ! Le vol a été rapide et j’étais certaine de faire ce qu’il fallait.

Le temps que j’ai passé à la retraite est quelque chose que je chéris. Je me suis sentie à l’aise pour raconter certaines parties de mon histoire à d’autres personnes qui comprenaient mon point de vue. C’était une expérience émouvante et quelque chose dont j’avais besoin. Ma famille à la maison a fini par savoir, pas grand-chose, mais c’était un début. J’étais prête à être plus ouverte lorsque je rentrerais chez moi. Le personnel et les autres femmes ont fait en sorte que le voyage en vaille la peine : les larmes, les rires et les liens que j’ai noués. Je me suis sentie libre après mon retour, j’ai trouvé une nouvelle normalité pour moi. Cette nouvelle normalité, c’est que les gens savent ce qui m’est arrivé, mais il m’a fallu un peu de temps pour m’y habituer. Une chose dont je serai éternellement reconnaissante, c’est que mon frère est décédé un mois après la retraite, et qu’il l’a su avant de mourir. J’ai failli ne pas en parler à ma famille avant de partir, mais je suis heureuse de l’avoir fait.

Mon voyage m’a amenée à être plus ouverte d’esprit, demander du soutien a été une partie difficile pour moi. J’avais dépensé tellement d’énergie et de temps à garder le silence. J’étais tellement habituée à tout faire toute seule. Je sais que mon parcours n’est pas terminé, il a été modifié pour le meilleur. Je sais que je vais de l’avant, que la route sera bonne, parsemée d’embûches, mais que ces embûches seront accompagnées de soutien. J’ai trouvé ma voix et je me sens bien.

-Michele, survivante